Du bitume aux festivals : l'ascension du hip-hop dans notre région

01/05/2025

Des quartiers aux premières rimes : l’émergence d’une scène locale

Pour comprendre comment le hip-hop a germé dans notre région, il faut d’abord revenir à ses origines. Dans les années 80 et 90, le rap français devient un véritable phénomène porté par des figures comme IAM, NTM ou MC Solaar. Mais sa propagation dépasse vite les grandes métropoles. Même dans la Nièvre, du côté de Nevers ou Cosne-sur-Loire, des jeunes s’approprient le phénomène. Pourquoi ? Parce que le hip-hop, c’est un langage universel. Dans un quartier, une barre HLM ou un centre-ville en crise, ce qui est raconté à l’autre bout du monde peut aussi résonner localement : les galères, les rêves, les frustrations.

Les premières rimes locales s’écrivent souvent dans l’ombre. Les studios sont inexistants, alors on bricole des morceaux dans des garages ou des chambres, enregistreurs cassette en main. Des collectifs montent : certains encore actifs, d’autres tombés dans l’oubli. À Coulanges-lès-Nevers ou à Montceau-les-Mines, on commence à voir des battles improvisées au coin des rues ou des freestyles qui résonnent entre deux murs d’immeuble.

Les assos culturelles, héroïnes de l’ombre

À une époque où aucune institution culturelle locale ne mise sur le rap, des associations vont tenir à bout de bras la scène émergente. Des initiatives comme “La Mouvance” à Nevers ou d'autres dans les petites communes de la région, organisent concerts et ateliers d’écriture pour permettre aux jeunes artistes de monter sur scène et perfectionner leur art. C’est là, dans ces petits cercles souvent méconnus, que se forge l’âme hip-hop de la région.

À cela s’ajoutent les premières scènes ouvertes ou soirées hip-hop souvent organisées avec peu de moyens. Ces évènements deviennent vite des rendez-vous incontournables, car ils permettent deux choses essentielles : offrir une visibilité aux artistes et surtout, rassembler les amateurs de rap autour d’une énergie commune.

Les festivals ouvrent (enfin) leurs portes au rap

Mais il aura fallu du temps pour que le hip-hop dépasse son image "musique de quartier" et s’invite dans des évènements plus grands. Pendant longtemps, les festivals régionaux snobaient encore ce genre qu’on jugeait indigne de côtoyer la chanson à texte ou le jazz. Et puis, forcément, les mentalités (et les publics) ont changé.

Lorsque les premiers noms du rap français comme Orelsan ou Oxmo Puccino intègrent les têtes d’affiche des festivals nationaux, la dynamique commence aussi à glisser chez nous. Des évènements comme le Festival de Nevers à l’Affiche, ou encore le plus modeste mais tout aussi engagé Week-End Hip-Hop à Montchanin, consacrent désormais une belle partie de leur programmation au rap et à ses dérivés. Résultat : des scènes bondées, une ambiance survoltée et surtout, des barrières qui tombent entre les publics.

Un ancrage dans la diversité musicale locale

Cela dit, le vrai coup de maître du hip-hop dans notre région, c’est qu’il a su cohabiter avec les autres genres bien ancrés ici. Car soyons honnêtes : entre la chanson réaliste et les fanfares traditionnelles, ce n'était pas gagné. Pourtant, des initiatives locales ont permis des croisements musicaux assez dingues, comme le projet où des rappeurs ont collaboré avec des choeurs classiques du coin (si, si, ça s'est fait et c'était incroyable).

Autre grande fierté : des artistes locaux comme DJ Syko, originaire de Château-Chinon, ou encore le groupe Cité Phénomène, ont réussi à mixer influences traditionnelles et modernes pour livrer des sons qui parlent autant aux anciens qu’aux nouvelles générations.

Un avenir prometteur pour la jeune scène

Et aujourd’hui alors ? Si le régionalisme musical existe toujours un peu – soyons honnêtes, difficile de rivaliser avec les grosses villes en termes de production –, la scène hip-hop locale n’a jamais été aussi dynamique. Les jeunes talents s’emparent désormais des réseaux sociaux, des plateformes de streaming, et même de studios d’enregistrement communautaires mis en place par certaines mairies ou assos.

Certains rappeurs commencent à émerger hors des frontières locales, comme Sham, un jeune artiste de Nevers ayant déjà assuré des premières parties pour de grands noms lors de festivals. Et ce n'est que le début !

Le hip-hop, un moteur de cohésion sociale

Finalement, si le hip-hop a trouvé sa place ici, c’est aussi parce qu’il joue un rôle social immense. Les ateliers d’écriture ou les stages de beatmaking permettent aux jeunes de s’exprimer là où ils ont souvent peu de place pour le faire. De nombreux projets associatifs travaillent à intégrer le hip-hop comme un outil pédagogique, réconciliant les générations autour de valeurs comme l’expression libre et la créativité.

On dit que le rap ne s’arrête jamais de raconter des histoires. Eh bien, l’histoire du hip-hop dans la Nièvre et en Franche-Comté est loin d’être terminée. À la prochaine génération de la continuer et de l’exporter encore plus loin.

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