La scène métal en Franche-Comté : toujours vivante, toujours brûlante

11/05/2025

Un héritage enraciné et des acteurs incontournables

Il faut poser le contexte. Le métal, en Franche-Comté, ce n’est pas d’hier. À Besançon, Belfort, Montbéliard ou dans les coins plus reculés, les guitares saturées résonnent depuis des décennies. On peut citer des salles devenues cultes comme La Poudrière à Belfort, qui a vu passer des groupes locaux mais aussi des pointures internationales, ou encore les nombreuses associations qui organisent des soirées incroyables malgré des budgets serrés.

Certaines figures locales ont marqué les esprits. Prenons par exemple Agressor, un groupe installé dans le sillage de la scène métal française des années 80, ou les talents underground actuels comme The Dawn Razor. Dans une région où la ruralité domine souvent le paysage, ces musiciens prouvent année après année que la passion ne connaît pas de limites géographiques.

Les festivals : vitrine de la culture métal

En Franche-Comté, le métal trouve aussi son salut dans les festivals. Prenez le Rock’Aisne Fest, qui se tient à Voujeaucourt près de Montbéliard. Même s’il est de taille modeste, ce festival réussit à attirer des noms qui font vibrer les fans de gros son, tout en laissant la place à des groupes locaux émergents.

Impossible de ne pas mentionner la proximité (presque stratégique) avec le Hellfest et d’autres gros rendez-vous français qui mobilisent les foules et insufflent une énergie nouvelle à la scène métal régionale. Les festivaliers reviennent de ces événements avec des étoiles dans les yeux et, parfois, l’envie de monter leur propre projet dans leur coin. Ce cercle vertueux bénéficie directement à la Franche-Comté.

Autre événement notable : les éditions locales de soirées "tribute band" ou underground, organisées régulièrement dans les bars, comme au Pixel de Besançon, véritable refuge pour les musiques alternatives.

La lutte contre l’invisibilité

La question de la lutte pour la visibilité est cruciale. Les groupes de métal locaux doivent souvent rivaliser d’ingéniosité pour percer. Moins médiatisé que des genres comme le rap ou la chanson française, le métal doit composer avec des budgets limités, un manque de soutien institutionnel et parfois une image stéréotypée auprès du grand public.

Pourtant, les initiatives ne manquent pas. Certaines associations, comme Croix en Flamme à Besançon, se battent pour que les artistes aient une scène où s’exprimer. Le bouche-à-oreille, les réseaux sociaux, et des plateformes comme Bandcamp ou YouTube sont devenus des alliés incontournables pour les musiciens qui veulent se faire entendre.

D’autant plus que les amateurs de métal, eux, répondent présents. Une salle comme La Rodia à Besançon (qui accueille de nombreux styles mais donne aussi de la place au métal) connaît régulièrement des soirées où des centaines de fans se rassemblent pour hurler en chœur avec leurs idoles locales.

Un public fidèle et intergénérationnel

Ce qui frappe avec cette scène, c’est la fidélité de son public. Le métal rassemble des générations entières : des ados en blouson à clous découvrant leur premier pogo aux vétérans en perfecto qui assistent à des concerts depuis les années 90. Dans des villes comme Vesoul ou Pontarlier, il n’est pas rare de voir des familles entières, de 7 à 77 ans, vibrer au son des guitares saturées.

La Franche-Comté bénéficie aussi d’une proximité géographique avec la Suisse, lieu d’emploi pour nombre de jeunes Comtois. Ces derniers rapportent de chez nos voisins helvètes une influence métal enrichissante et parfois des connexions avec des groupes ou scènes plus internationales. Alors oui, le public local est peut-être moins énorme qu’à Paris ou Lyon, mais il est impliqué, loyal, et prêt à soutenir les artistes dans la durée.

La scène métal, un miroir des défis culturels

L’évolution de la scène métal en Franche-Comté reflète aussi des défis plus larges auxquels toutes les cultures dites "underground" doivent faire face. Entre le streaming qui a bouleversé le modèle économique des musiciens et la difficulté à trouver des lieux pour répéter ou jouer, les obstacles ne manquent pas.

Cependant, certains acteurs locaux innovent. Par exemple, des studios communautaires voient le jour pour aider les groupes à enregistrer à moindre coût. Par ailleurs, les écoles de musique (comme le CRR de Besançon) commencent à inclure des ateliers consacrés au rock et au métal, constatant l’engouement des jeunes pour ces genres.

Alors, la réponse à la question initiale ? Oui, le métal a toujours une scène active en Franche-Comté, mais c’est une scène qui demande du soutien, de la curiosité, et une bonne dose d’initiative individuelle. À la passion des musiciens de répondre présent, à nous, amateurs et passionnés de culture, de leur tendre la main.

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